

Depuis des millions d'années, la géologie transforme notre planète par l'érosion, la sédimentation, la pression et la chaleur. Aujourd'hui, nous étudions et comprenons (dans une certaine mesure !) l'évolution, l'accumulation et la transformation de la matière vivante (bactéries, plantes, animaux) et de la matière minérale qui composent les strates géologiques. C'est l'histoire de notre Terre qui se lit comme un livre.
En m'inspirant de la géologie, mon travail habituel montre les mêmes phénomènes d'érosion, de sédimentation, de pression et de chaleur, dans une séquence temporelle plus courte que celle de la nature. Les couches contiennent l'histoire du passé qui se révèle dans le présent, mais qui est aussi le germe de l'avenir. Depuis plus de 25 ans que je travaille et enseigne dans mon atelier, les restes et les déchets d'argile, de grès, de porcelaine, d'engobes colorés et de glaçures ont été récupérés et accumulés en couches. À l'instar des formations géologiques, ces argiles stratifiées racontent elles aussi une histoire... Telles une peau, les couches préservent les étapes de la vie et du temps. Couche après couche, l'homme se construit à partir des couches d'expériences de vie qui composent une histoire délicatement et intimement liée au monde terrestre, au monde de Gaïa.
Dans ce processus, la cuisson représente un risque partiellement contrôlé qui donne lieu à des fusions, des déformations, des couleurs, des coulures, des textures et des fissures imprévisibles et surprenantes. Certains de ces effets pourraient être considérés comme des défauts dans le monde de la céramique, mais pour moi, ils sont acceptables en tant que partie intégrante de l'œuvre, tout comme ils font partie intégrante des roches, des minéraux et des montagnes.